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Comment ma féminité a été cassée à 14 ans par des ados en rut

Je n’en ai pas dormi de la nuit… En lisant hier quelques témoignages #MeToo de copines sur les réseaux sociaux, j’ai ressenti un énorme mal-être. Tous ces exemples qui sortent au grand jour et qui sont (plus que) déplacés vis-à-vis de la femme qui les subit… c’est anormal !! Parce que même si à force de vivre des situations dégradantes au quotidien on a appris à vivre avec, ce n’est pas pour autant que c’est normal ou anodin !

Puis mes propres expériences du genre me sont revenues en mémoire. Et avec le recul que j’ai aujourd’hui, je réalise que celles qui m’ont fait le plus de tort ne sont pas ce qui pourrait paraître trash mais qui n’est arrivé qu’une seule fois (comme ce type qui a ouvert sa braguette pour me pisser dessus en boîte de nuit parce que je refusais ses avances, ou ces photos de bites qui ont été prises à mon insu avec mon appareil photo en voyage scolaire et que j’ai découvert après le développement du film par le photographe (même si le scandale qu’a fait ma mère à l’époque m’a valu d’être la risée de l’école les 3 derniers mois de l’année)). Bien que ces expériences isolées m’aient choquées au moment même, elles n’ont heureusement pas bouleversé le cours de ma vie.

Dans mon cas, ce sont les situations borderline à répétition qui ont laissé des traces. Celles où on me répondait que « laisse tomber, ce sont des adolescents en pleine poussée hormonale, ignore-les » alors que je les subissais tous les jours. En 2 mots, il s’agissait de camarades de classe, une bande de potes qui à chaque début du cours de chimie me lançaient un « Sexy Mary est là…. Ggggrrrrrrrr… Elle est chaude aujourd’hui Sexy Mary, chaude comme la braise. Dis, t’as déjà roulé une pelle à un mec? Je suis sûre que t’aimes les trucs cochons ». J’avais 14 quand ça a commencé, et j’ai enduré ça plusieurs fois par semaine pendant 2 ans ! Sans compter les innombrables remarques skato qu’on m’adressait parce que j’avais de très longs cheveux.

Rien de dramatique me direz-vous. On ne m’a pas touchée physiquement, on ne m’a pas plaquée contre un mur, on ne m’a pas forcée à faire quoi que ce soit… Mais j’étais moi aussi en pleine adolescence, à la recherche de comment mener ma vie, d’un modèle féminin, d’une identité féminine…

C’est à cette époque-là que je suis devenue carriériste. Je me suis fixée comme objectif d’être un jour en haut de la pyramide hiérarchique pour être l’égale de tous ces hommes qui m’agressaient verbalement à longueur d’année. Curieusement, c’est aussi à cette période-là que j’ai arrêté de porter des jupes. Comme si inconsciemment j’avais intégré l’idée que porter une jupe n’attirait que des ennuis.

20 ans plus tard, je viens de comprendre quelque chose.
Au fond de moi, j’adore les jupes et les robes depuis de longues années. J’ai toujours aimé les vêtements féminins, encore plus s’ils permettent de s’habiller facilement et rapidement. Et je continue d’en acheter. Pourtant je ne les porte qu’occasionnellement et que le soir, quand on a une sortie de prévue avec mon mari. Jamais en journée. Jamais sans la présence de mon mari. Plusieurs fois il pensait m’encourager en me disant qu’il aimait bien me voir en jupe, et moi de lui répondre « tu viens de me retirer l’envie de le faire ». Pourquoi donc cette réaction? Ça fait des années que cette question me trotte en tête…

Aujourd’hui je sais: parce que me dire que je suis belle ou désirable me fait parfois me sentir en danger. Parce que porter un pantalon au quotidien est ma manière à moi d’éviter des problèmes. Le regard d’un homme qui me dévisage de haut en bas m’insécurise. Et mon pantalon est devenu mon bouclier!

Et je peux imaginer que parmi mes clientes qui me disaient ne pas se sentir à l’aise en décolleté ou en jupe, certaines cachent peut-être des blessures de harcèlement elles aussi.

Combien de jeunes filles et de jeunes femmes ont ainsi été blessées dans leur féminité par des mecs ne sachant pas canaliser autrement leur testostérone?

Sources et crédits: nouvelobs.com

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