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Mamans: Comment prendre soin de son périnée

By 22 mars 2019juin 23rd, 2022Beauté, Santé, Tranche de vie
Interview et conseils d'une kinésithérapeute spécialisée en rééducation périnéale

La majorité des femmes découvrent qu’elles ont un périnée au moment de leur premier enfant, certaines déjà avant la naissance en se renseignant par exemple sur l’épisiotomie, sinon au moment de la rééducation postnatale avec leur kinésithérapeute. En fait, tous les humains ont un périnée mais les femmes sont les plus nombreuses à avoir un périnée en mauvais état, à vivre des problèmes d’incontinence ou une descente d’organes.

Qu’est-ce que le périnée?

Pour résumer très brièvement, le périnée est un ensemble de muscles qui soutiennent l’ensemble des organes pelviens (vessie, utérus et rectum). Son rôle est de maintenir les organes en place (puisque nous subissons la gravité) et d’amortir la pression vers le bas exercée sur ces organes (lors d’un effort). Or le périnée se compose de 20% de fibres phasiques, c’est-à-dire volontaires (qu’on peut donc verrouiller en le décidant). Les autres 80% sont des fibres réflexes, dites toniques, indépendantes donc de notre volonté. Ceci explique pourquoi la rééducation périnéale s’occupe aussi de ces fibres.

Que faire si vous pensez avoir un problème de périnée?

Si vous avez des fuites, si vous êtes incontinente, parlez-en à votre médecin ou à votre kiné. Si vous avez une sensation de pesanteur à l’entrejambe ou que vous sentez une boule à l’entrée du vagin, n’attendez pas pour consulter. Peu importe que vous ayez 20 ans ou 70 ans, peu importe si vous avez eu 6 enfants ou aucun. Car ce n’est pas forcément le fait d’accoucher qui met à mal le périnée. C’est aussi parce que notre anatomie se compose d’une ouverture vers l’extérieure, le vagin, juste en-dessous des organes génitaux et que certains mouvements que nous faisons au quotidien sont néfastes voire délétères pour le périnée.

 

Mon histoire

Pour ma part, je me suis intéressée à mon périnée 3 semaines après la naissance de mon fils. Je me baladais avec mon fils en écharpe quand tout à coup, j’ai senti une boule glisser à l’entrejambe. J’ai cru que j’étais en train de perdre un organe. Instantanément je m’arrête, paniquée je n’ose plus marcher, à peine me mouvoir. Je rentre chez moi en taxi et je m’allonge sur mon lit jusqu’à ce que mon mari rentre à la maison. Je quitterai mon lit 2h plus tard, après avoir eu au téléphone une amie de cœur, victime elle aussi d’une descente d’organes, et un rendez-vous chez une kinésithérapeute spécialisée en rééducation périnéale. Le diagnostic le plus probable: descente d’organes – prolapsus.

Le verdict tombe rapidement: j’ai un prolapsus de stade 2 pour la vessie, et de stade 1 pour le rectum… Dans mon malheur, j’ai une chance immense: ce n’est pas complètement catastrophique et c’est partiellement récupérable. En fait, il existe 4 stades, et comme la rééducation permet généralement d’améliorer la situation, il y a une certaine probabilité de peut-être récupérer un stade.

Comment j’ai fait pour aller mieux ?

7 semaines après mon accouchement, je commence donc une rééducation pelvienne de longue durée. Aujourd’hui, ma rééducation est terminée. Ma vessie est remontée un petit peu, je n’ai plus de fuites, ni urinaires ni défécatoires, et je n’ai plus aucune gêne au quotidien. Pour celles qui me connaissent, c’est vrai que ma rééducation a été longue avec mes déplacements à l’étranger et une période de ras-le-bol pendant laquelle je n’en pouvais plus de faire mes exercices hypopressifs. Mais je suis sûre d’une chose : ça en valait vraiment la peine !

Mes nouvelles habitudes

Ce que je vous partage ici relève uniquement de mon cas particulier. Je ne suis pas kiné et chaque femme a un périnée différent. Mais je suis toujours triste quand je rencontre quelqu’un qui, par exemple, est incontinente et qui craint d’aller voir un(e) kiné, de peur qu’on lui interdise plein de choses ou que ça ne serve plus à rien. Alors j’ai envie de vous expliquer quelles sont les nouvelles habitudes que j’ai prises afin d’éviter toute dégradation de ma situation. Car oui, rien n’est acquis à vie, je devrai faire attention à mon périnée jusqu’au bout. Mais comme vous le verrez, ce n’est rien d’insurmontable :

  • Je limite les charges que je porte : au supermarché, je fais de plus petits sacs, qui du coup sont aussi plus facile à transporter
  • Quand je dois monter les escaliers avec les courses, je m’arrête pour verrouiller mon périnée et m’autograndir avant de monter
  • Quand je dois tousser, éternuer, ou me moucher, je m’arrête et je verrouille mon périnée en me tenant droite
  • Je limite le sport que je fais : officiellement, je ne peux faire que du vélo elliptique, de la marche nordique et de la natation. Ça, c’est si je voulais être super-méga stricte. Mais comme j’ai besoin de me sentir vivante, je m’octroie 30 minutes de patin à glace par semaine, en cours particulier. La prof est au courant de mon problème, elle adapte les exercices, et je porte un pessaire pendant le cours (qui permet de garder les organes en place sans faire pression sur le périnée). Ainsi, je limite très fort les risques. Pareil si on part faire une ballade en famille, c’est mon mari qui porte le sac à dos, et je porte mon pessaire. Cette solution me permet de quand même avoir une vie presque-normale.
  • Je bois de l’eau en petite quantité et régulièrement tout au long de la journée pour bien faire fonctionner mon système urinaire. Et j’essaie de ne pas dépasser 3h entre 2 passages aux toilettes afin de ne pas étirer inutilement ma vessie. Et j’ai appris à prendre mon temps aux toilettes, après tout s’accorder quelques vraies minutes d’intimité ça fait toujours du bien.
  • Quand je dois m’abaisser, je plie les genoux plutôt que de me plier en deux. Cela évite de trop augmenter la pression abdominale
  • Et depuis que j’ai effectué tout le processus de rééducation et appris comment faire correctement mes exercices hypopressifs, je les fais une fois par mois à la maison, pour tirer mes organes vers le haut, entraîner ma tonicité abdominale et périnéale et entretenir la mémoire corporelle des bons mouvements. Une fois par mois, ce n’est pas trop contraignant au vu des bienfaits apportés.

Comme vous le voyez, et alors que j’étais paniquée au moment où j’ai senti ma descente d’organes arriver, ma vie aujourd’hui est redevenue quasi normale. La seule chose sur laquelle j’ai dû faire une croix, c’est la danse classique. Même en cours particulier et avec mon pessaire, j’ai arrêté après trois mois parce que je sentais que c’était de trop pour mes organes. Pour le reste au quotidien, j’ai juste réappris de bonnes habitudes, rien de très compliqué. Et maintenant j’ai une très bonne excuse pour ne plus monter les courses au 3ème étage ou le sac à dos familial quand on va se balader 🙂

Pourquoi je me permets de vous parler de mon périnée en toute authenticité?

Parler de son périnée n’a pas toujours été facile pour moi. Mais aujourd’hui je n’hésite plus à partager mon histoire. En plus d’une meilleure connaissance de mon corps, ça a aussi permis à mon mari de comprendre ce que je vivais et les conséquences que ça aurait sur mes activités quotidiennes.
J’en parle aussi parce qu’aujourd’hui on trouve peu de témoignages sur la descente d’organes. Or si on parlait du prolapsus comme on parle d’une tendinite ou d’un lumbago, un certain nombre de femmes pourraient sans doute éviter ces inconvénients, ou au moins les retarder et/ou les limiter.
Et puis parce qu’en ce qui me concerne, j’avais déjà des fuites urinaires occasionnelles quand j’étais jeune femme, mais je ne savais pas que c’était anormal. Parce que j’ai découvert qu’au niveau génétique, j’étais plutôt mal lotie et que si les femmes de ma famille en avaient parlé, j’aurais pu me renseigner ou consulter avant d’être enceinte. Parce que les années de chant professionnel que j’ai fait ont sans doute accentué le problème et qu’à ce niveau-là, on prend les mêmes risques qu’en faisant un sport de compétition, mais je n’en étais pas du tout consciente. Parce que si j’avais su qu’en sortant de la maternité il fallait fortement limiter le porte-bébé, j’aurais peut-être pu éviter ce qui m’est arrivé. Parce que c’est tellement merveilleux d’avoir des mamans qui s’occupe de leurs familles et de leurs enfants, mais qu’il est tout aussi important de les soutenir à prendre soin d’elles. Parce qu’à notre époque, je trouve dingue qu’il y ait encore autant de tabou autour de ce sujet. Et puis surtout, surtout ! parce que j’ai envie d’un monde meilleur pour nos filles et petites-filles.

Voilà pourquoi il me tenait à cœur d’interviewer Oscarine Husson

Oscarine est une kiné formidable qui a déjà aidé des milliers de femmes à Bruxelles. Écoutez bien son explication quand elle compare l’abdomen à l’effort à un ballon gonflé d’air sur lequel on appuie (à la minute 10), ça permet de bien se rendre compte. Et vous comprendrez d’autant mieux pourquoi il n’est pas recommandé de faire des abdos classiques ou de porter de lourdes charges quand on a un périnée fragile.
Souvenez-vous, si vous avez régulièrement des fuites ou une gêne, ce n’est ni normal ni une fatalité, peu importe votre âge ! Prenez soin de votre périnée, en prendre soin c’est aussi une manière de prendre soin de votre féminité.

Contacts

Pour contacter Oscarine Husson: +32 496 50 73 74
Pour contacter la Clinique du Périnée à Bruxelles, cliquez ici

A toutes celles qui sont en pleine rééducation périnéale, je sais que parfois c’est tellement long ou décourageant qu’on a envie de tout envoyer balader. Je suis passée par là, je vous comprends ! Malgré tout, c’est votre santé et votre bien-être au cours des prochaines décennies qui sont en jeu, ce serait vraiment dommage de les hypothéquer. Alors si vous avez besoin de soutien, si vous avez besoin d’être accompagnée en parallèle de votre rééducation pour tenir le coup émotionnellement :

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Avatar Photo de profil Marie de Moerloose

Marie est experte auprès des femmes qui se sentent mal dans leur peau, mal dans leur corps ou mal dans leurs fringues, et qui veulent (re)prendre soin d’elles-mêmes pour se sentir Femme avec un grand F et rayonner. Elle les aide à se reconnecter à leur féminité et à développer leur confiance en elles et leur estime personnelle. Marie s’est formée au conseil en image, à l’aromathérapie et aux fleurs de Bach. Elle est également Maman d’un petit garçon et c’est son histoire personnelle qui l’a amenée à accompagner d’autres femmes et en particulier les mamans. www.mariedemoerloose.com

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